Natio-Communauté

  

 

La nation, dit E. Renan, est « un résultat historique amené par une série de faits convergeant dans le même sens ». Refusant de trancher quant à la priorité d’un de ces faits sur les autres, il s’attache à démontrer qu’ils interagissent pour composer des scénarios spécifiques à chaque pays mais semblant obéir à des lois qui restent à découvrir, et qui sont la trame même de l’Histoire. E. Renan oppose une vue qu’on appellera souvent « révolutionnaire » à la conception allemande, dite « romantique », de la nation, qui met l’accent sur le passé et idéalise un certain nombre de déterminants identitaires (la terre, les ancêtres, la langue…), définissant ainsi des communautés hétérogènes prédisposées à s’opposer les unes aux autres. Dans sa rigidité, une telle représentation du génie national porté par les citoyens du seul fait de leur naissance est évidemment contradictoire avec les idées de liberté et de développement puisque l’appartenance de l’individu à une nationalité conditionnerait absolument sa vie et sa manière de penser. Sans nier l’importance des constituants de la nationalité que sont la race (c’est-à-dire la lignée des ancêtres), la langue, la religion (c’est-à-dire les croyances collectives), l’identité des intérêts ou plus simplement la disposition des frontières naturelles, facteurs qu’il considère comme nécessaires mais insuffisants, Renan conçoit plutôt la nation sur le modèle du contrat. Et il recommande qu’on consulte les populations sur leur opinion si des doutes s’élèvent quant au tracé des frontières.

«Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. L’homme ne s’improvise pas. La nation, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire, voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans la passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu’on a consentis, des maux qu’on a soufferts. On aime la maison qu’on a bâtie et qu’on transmet. Le chant spartiate : « Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes » est dans sa simplicité l’hymne abrégé de toute patrie.

Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l’avenir un même programme à réaliser ; avoir souffert, joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontières conformes aux idées stratégiques ; voilà ce que l’on comprend malgré les diversités de race et de langue. « avoir souffert ensemble » ; la souffrance en commun unit plus que la joie. En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l’effort en commun.

Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de vie... une nation n’a pas plus qu’un roi le droit de dire à une province : « Tu m’appartiens, je te prends ». Une province ce sont ses habitants ; si quelqu’un en cette affaire a droit d’être consulté, c’est l’habitant. Une nation n’a jamais un véritable intérêt à s’annexer ou à retenir un pays malgré lui. Le vœu des nations est, en définitive, le seul critérium légitime, celui auquel il faut toujours en revenir ».

 

Modèles nationaux

 

Les catégories et les discours scientifiques, au même titre que ceux des politiques, contribuent au mouvement d’idéalisation et de particularisation des spécificités nationales. On peut faire l’hypothèse que les analyses socio-politiques qui donnent lieu à des modèles nationaux désignés par des expressions comme “ la communauté de sens ” opposée à “ la communauté culturelle ”, par exemple, aident à produire, à maintenir, le cas échéant à légitimer, ce qu’elles sont censées analyser.

Les paradigmes scientifiques visant à formaliser les principes de constitution et de fonctionnement des différents Etats-nations sont souvent modélisés sous forme d’idéaux-typiques, mais ils sont rarement reconnus comme tels. Si les mythes nationaux sont démystifiés par le regard scientifique, ils n’en sont pas moins mythifiés par lui.

La typologie discutée plus loin distingue deux formes de sociétés nationales : la nation de type “ civique ” et la nation de type “ ethnique ”. Il s’agit de comprendre l’influence de ces deux conceptions dans le rapport à l’altérité car une société qui fonde la relation à ses membres sur des paramètres ethniques n’entretient pas le même rapport à l’autre que celle dont l’espace national s’organise autour de critères civiques. L’émergence, le maintien, la transformation des catégories de l’altérité, sont au principe des fondements et du fonctionnement de ces deux types nationaux mais ne se réalisent pas selon les mêmes logiques d’inclusion.

La distinction entre “ nation ethnique ” et “ nation civique ” rappelant les anciens modèles de Kulturnation et de Staatnation est aussi exprimée par l’emploi d’adjectifs qui se conjuguent sur le mode d’une opposition binaire : volontaire/organique ; politique/culturel ; subjectif/objectif ; libéral/non libéral. Il arrive également que cette distinction emprunte des contours géographiques, on parle alors de nationalisme de l’Est et de nationalisme de l’Ouest. Toutefois, la caractérisation la plus souvent adoptée reste la première citée.

 

Nation ethnique

 

 

 

Le modèle ethnique désigne des nations qui, comme l’expression l’indique, se construisent sur des attributs ethniques, sinon organiques. Dans les nations que l’on peut classer dans cette catégorie, le droit à la nationalité se réfère en premier lieu au droit du sang : l’acquisition de la nationalité est donc difficile. Pour être naturalisé, le candidat doit démontrer qu’il est assimilé, en d’autres termes “ qu’il a réussi à incorporer profondément, dans son être même, la culture commune, définie comme l’âme de la nation ” (CENTLIVRES et SCHNAPPER, 1999 : 151).

La définition de la nation ethnique reprend toutefois à son compte les oppositions et les débats qui concernent les groupes ethniques. L’opposition semble d’autant plus tranchée que le débat est récent.

Dans la littérature anglo-saxonne par exemple, qui s’intéresse depuis plus de trois décennies aux questions ethniques, en particulier la tradition de recherche qui s’inscrit dans les ethnic and racial studies, cette opposition a perdu de son acuité.

Le nationalisme ethnique se caractérise par une appartenance qui se réfère à des éléments ethniques ou perçus comme tels ; cela signifie que la nationalité ne relève pas d’un choix, on naît avec une nationalité et on ne peut, en principe, pas la perdre. Comme l’affirme un peu péremptoirement Greenfeld, le modèle ethnique appréhende la nationalité comme “ une nécessité inéluctable et biologique, un caractère génétique inhérent ” transmis par le sang comme un caractère (1999). D’un point de vue juridique l’acquisition de la nationalité se fonde sur la loi du jus sanguinis ; c’est donc la descendance qui fonde l’appartenance à la Nation. 

Les distinctions entre les approches de l’ethnicité se retrouvent chez les théoriciens de la nation. Parmi les théoriciens du nationalisme ethnique, on trouve les “ primordialistes ” et les “modernistes ”, tous apparentés au paradigme structuraliste, qui considèrent que le monde est divisé entre des unités ethniques. Pour les tenants de cette approche, le nationalisme moderne est une expression récente des divisions ethniques généralisées entre collectivités humaines. Les divisions nationales se fondent sur des différences objectives et donnent naissance aux identités nationales (GREENFELD, 1999 : 42).

S’il est vrai que les caractéristiques distinctives que désigne le terme ethnique (langage, religion, race mais aussi un territoire commun, une histoire commune et des traditions séculaires) sont présentes chez tous les individus, cela ne signifie pas pour autant que ces différences se traduisent automatiquement en groupes d’individus ou en identités ethniques. Dans une optique plus relationnelle, il n’y a rien de “ primordial ou de naturel ” dans de telles divisions, elles résultent de constructions culturelles qui suivent certaines logiques particulières (GREENFELD, 1999 : 42).

Au contraire, les théories constructivistes de l’ethnicité, quant à elles, montrent qu’en fonction des logiques d’inclusion ou d’exclusion, des processus de catégorisation, d’institution ou de nomination, discutés par ailleurs précédemment, cette diversité peut, selon les sociétés, ne pas être prise en compte ou être visibilisée et objectivée comme telle. Cela dépend de la manière dont l’ethnicité est perçue et de la valence culturelle qu’on y attache. Les “ caractéristiques ethniques ” sont en fait des catégories qui, formées à partir de différences culturelles, religieuses, linguistiques, etc., peuvent être organisées et rendues significatives. Les identités nationales, quant à elles, fournissent un principe d’organisation applicable à différents matériaux parmi lesquels du matériel ethnique ou non, qui leur donnent sens et les transforment en des éléments d’une identité spécifique. Quand on dit qu’une nation est de type ethnique, cela signifie que les caractéristiques ethniques acquièrent une signification culturelle et sont incorporées dans les identités nationales (GREENFELD, 1999 : 43-44). Ainsi, l’ethnicité est actualisée dans un processus de construction culturelle nationale, ce n’est pas l’existence de certaines caractéristiques qui détermine le profil du groupe mais la manière dont elles sont sélectionnées. Ce choix et cette sélection sont à leur tour déterminés par de nombreux facteurs (GREENFELD, 1999 : 44).

On considère généralement que l’Allemagne est un exemple idéal-typique de la nation ethnique, à savoir une société qui construit ses fondements sur une communauté culturelle et historique commune ou perçue comme telle. “ Etre allemand, c’est appartenir au Volk, uni comme une famille, partageant une même histoire et une même culture ” (CENTLIVRES et SCHNAPPER, 1999 : 150).

 

Nation civique

 

 

L’expression de Renan, maintes fois citée par ailleurs, est souvent utilisée comme définition de la nation qualifiée de civique : “ une nation est un plébiscite de tous les jours ” (RENAN cité par GREENFELD, 1999 : 46). Dans ce cas, la nation est d’abord le fruit d’une volonté politique et donc une communauté voulue par ses membres. On peut aussi faire la lecture de cette phrase d’un point de vue moins subjectiviste et indiquer que la nation est la reconnaissance d’une réalité sociale. Cela signifie qu’une communauté peut être perçue comme une nation parce que ses membres en décident ou reconnaissent qu’il en est ainsi.

Dans la définition de la nation de type civique, on a tendance à mettre l’accent sur le concept et l’institution de la citoyenneté alors que dans le cas de la nation ethnique, on insiste sur des questions de langage, d’histoire, de folklore, etc. (GREENFELD, 1999 : 49). Si l’appartenance à la nation est conçue en termes civiques ou politiques, cela implique l’acquisition de certains droits mais aussi un engagement attendu envers certains devoirs, qui en principe sont acceptés volontairement. La nationalité est en principe associée à la citoyenneté et est perçue comme une catégorie essentiellement politique ou simplement légale. Puisque en théorie la nationalité est affaire de choix, elle peut être acquise facilement, ou au contraire perdue au cours de la vie d’un individu (GREENFELD, 1999).

Dans cette perspective, la nation se définit comme une unité politique caractérisée par sa souveraineté, qui s’exerce à l’intérieur pour intégrer les populations qu’elle inclut et, à l’extérieur, pour s’affirmer en tant que sujet historique dans un ordre mondial fondé sur l’existence de nations-unités politiques et les relations entre elles (SCHNAPPER, 1994). Pour Dominique Schnapper par exemple, elle doit sa spécificité au fait “ qu’elle intègre les populations en une communauté de citoyens dont l’existence légitime l’action intérieure et extérieure de l’Etat ” (1994 : 28). Il est intéressant de noter que pour de nombreux auteurs, à l’instar de cette dernière, les termes de nation politique, nation civique, nation démocratique, nation-communauté de citoyens se valent.

La France, bien que considérée par certains comme “ ethniquement homogène ” (GREENFELD,1999 : 51), représente l’exemple idéal-typique de cette conception civique de la Nation. Le droit de la nationalité fait une place plus ou moins importante au droit du sol. Dans ce cas de figure, le rôle des frontières est prépondérant (CENTLIVRES et SCHNAPPER, 1999 : 151).

 

Communauté nationale

 

 

 

L’opposition tranchée entre communauté de sens et communauté culturelle, bien qu’intéressante du point de vue de la construction théorique, satisfait de moins en moins les chercheurs qui travaillent dans le domaine. Du point de vue analytique, il est souvent difficile, voire impossible, de caractériser une société nationale entière par l’un de ces modèles. Une autre démarche possible consiste non pas à opposer les modèles nationaux mais à identifier des “ éléments analytiques ” qui se rapportent à l’une ou l’autre des tendances ; on aboutit alors à des modèles mixtes qui décrivent des réalités en combinant, à des degrés divers, des éléments se rapportant à l’un ou l’autre des idéaux-types (BRUBAKER, 1999 : 58).

C’est une démarche de plus en plus adoptée par les chercheurs, qui à l’instar de Lapeyronnie estiment que les nations ne sont pas de simples constructions politiques et idéologiques ou des communautés totalement imaginées, mais qu’elles ont aussi une dimension culturelle et une histoire qui leur donnent une “ identité propre” (LAPEYRONNIE, 1993 : 31). Cette perspective considère toute communauté qui se reproduit par le biais d’institutions comme une communauté imaginaire mais non moins dénuée d’effets réels. En ce sens,l’ordre national se matérialise à travers des pratiques politiques, juridiques et économiques tout en se reproduisant par des systèmes de classifications et des techniques d’inclusion et d’exclusion. Il se présente comme identité culturelle par des institutions culturelles nationales (écoles, instituts culturels, galeries et bibliothèques nationales) ainsi qu’au travers de symboles culturels (monuments, drapeaux, hymnes, littérature nationale, distinctions) ” (JURT, 1998 : 43).

On estime que la Suisse constitue l’exemple typique d’une nation construite à la fois sur le principe ethnique et sur le principe civique.

D’autres critères de classification viennent s’ajouter à cette opposition fondamentale. Liah Greenfeld, quant à elle, ajoute la distinction entre nationalisme individuel et collectif. Ce critère dépend de la perception a priori de la nation. Si la nation est vue comme une entité composite, une collectivité formée par l’association d’individus, elle va être qualifiée d’individualiste. Dans le cas où la nation est perçue comme un “collective individual ”, on la qualifiera de collective (GREENFELD, 1999).

Croisant ainsi ces différents critères, Greenfeld obtient une nouvelle classification comportant trois types de nationalisme pouvant être identifiés comme “ individualiste-civique ”, “ collectiviste-civique” et “ collectiviste-ethnique ”.

Historiquement, le premier nationalisme est apparu au XVIe siècle en Angleterre et correspond au type “ individualiste-civique ”, le cas du “ collectiviste-civique” est apparu avec la France et le troisième, le “ collectiviste-ethnique ”, avec la Russie, mais est au mieux représenté dans le nationalisme allemand (GREENFELD, 1999).

La distinction entre nation ethnique et nation civique n’est pas aisée à faire et dépend en réalité de la définition a priori que l’on a d’elles. Pour Coulon, l’Etat-nation a tout d’unecommunauté identitaire totalisante et hégémonique ” (1994 : 286) ; dans le monde contemporain, il est en quelque sorte “ une puissance identitaire ” (LEFEBVRE, 1977 cité par COULON, 1994 : 285). En ce sens, la distinction entre la nation-contrat et la nation ethnographique est trompeuse parce qu’il n’y a pas d’Etat sans construction identitaire, donc sans appel à tout un ensemble de représentations, de symboles, un système de significations puisés à la fois dans un passé réinventé et des éléments culturels réinterprétés, mais aussi articulés à des événements politiques qui leur donnent une nouvelle portée et une autre finalité (COULON, 1994 : 286). Les mythes identitaires nationaux qui suivent une logique de légitimation identitaire sont plus mobilisateurs quand ils parviennent à rassembler ces différents aspects.

Pour ce qui est des modèles eux-mêmes, les appréciations faites jusqu’ici tentent de nuancer l’opposition (prendre des éléments d’analyse plutôt que des ensembles nationaux) et de remodeler le cadre explicatif en fonction de l’objet étudié. Néanmoins, pour une critique plus fine, il faut également considérer les fondements du modèle théorique et son fonctionnement logique interne. C’est ce que Roger Brubaker s’est attaché à faire dans un article de 1999. Pour lui, outre les connotations normatives, c’est-à-dire les jugements plus ou moins positifs attachés à l’un ou l’autre des modèles, cette classification présente de grandes faiblesses au niveau analytique. Dans le même ordre d’idées, Greenfeld va jusqu’à dire que le nationalisme est le cadre culturel de la modernité : “it is the ordercreating cognitive system which invests with meaning, and as a result shapes, our social reality, or the cognitive medium, the prison through which modern society sees this reality (1999 : 39). Le nationalisme peut donc être défini comme une vision du monde, une perspective moderne de voir les choses.

Cette citation semble montrer qu’il est aujourd’hui difficile de s’extraire de la “ pensée nationale ” pour appréhender le monde actuel. Retournée, cette métaphore carcérale peut imager l’impossibilité de penser la nation autrement qu’enfermés dans des carcans idéologiques, les termes mêmes de nation et de nationalisme étant pétris de connotations normatives. Cependant, les ambiguïtés attachées à ces termes ne sont pas uniquement liées à leur caractère prescriptif. Pour Brubaker, l’ambivalence ne reflète pas tant les différentes compréhensions d’une même réalité que les diverses utilisations d’un même terme. Cette polysémie fait écho aux nombreuses définitions, classifications et typologies relatives aux notions de nation et de nationalisme (BRUBAKER, 1999). La plus connue reste cependant la distinction entre la nation dite civique (communauté de sens) et la nation que l’on qualifie d’ethnique (communauté culturelle) et que l’on associe respectivement à l’exemple français et à l’exemple allemand.

La première ambiguïté touche aux termes utilisés. Premièrement, la définition de la notion d’“ ethnicité ” ou de celle qui caractériserait la nation civique ou du caractère supposé civique de la nation est tout sauf aisée. Il suffit de rappeler l’intense débat qui a eu lieu dans la littérature anglosaxonne sur le concept d’ethnicité, en particulier les opposants objectivistes et subjectivistes de l’ethnicité. Une définition subjectiviste de l’ethnicité reviendrait à classer la communauté qui se revendique d’une même origine comme une communauté qui présente un aspect volontariste. La distinction entre ethnique et civique perd quelque peu de sa pertinence.

L’ambiguïté apparaît de manière encore plus patente quand on essaye de comprendre le rôle joué par la culture au sein des deux modèles, tout particulièrement lorsqu’il s’agit de la définir.

Une autre critique porte sur le rapport d’inclusion ou d’exclusion des modèles en question. Les processus qui visent à exclure ou à inclure une population comme part de la nation sont corollaires à ceux de la construction des catégories. Brubaker estime que la tendance générale est d’affecter au modèle civique des qualités positives alors que le modèle ethnique (ou anglo-saxon) est jugé négativement. Quant aux raisons de cette évaluation, elles sont plutôt d’ordre idéologique. Véronique de Rudder pense qu’en France la peur de l’ethnicisation (caractéristique rattachée au modèle ethnique) procure une plus-value au modèle civique (ou même républicain) qui permet de faire comme si les distinctions basées sur les critères ethniques (au sens large) n’existaient pas en son sein (DE RUDDER, 1997).

La connotation positive que Brubaker et d’autres semblent voir attribuée à la nation civique est principalement liée au fait que celle-ci est attestée comme inclusive. A l’épreuve d’une analyse plus fine, cependant, les arguments généralement avancés dans cette direction s’effritent. Ceux qui vont en faveur de la prétendue inclusivité de la nation civique sont liés au fait qu’elle inclut tous les citoyens indépendamment de leurs traits particuliers. Mais la nature même de la citoyenneté estan immensely powerful instrument of social closure (BRUBAKER, 1999 : 64).

En effet, l’accès à la citoyenneté est en tous lieux très exclusif même s’il est en principe indépendant de l’ethnicité, il exclut ceux qui ne peuvent entrer sur le territoire et de ce fait demander la citoyenneté. L’exclusion se fait ainsi à une échelle plus large, dépassant le territoire national. Mais c’est une exclusion qui n’est pas reconnue comme telle, qui semble aller de soi parce que, comme l’affirme Patrick Simon, les scientifiques tendent à être englués dans une vision nationale de la réalité.

Un deuxième argument justifiant l’inclusivité du modèle civique se base sur le fait qu’il inclut tous ceux qui, indépendamment de leur race, de leur religion, de leur culture, de leur langue, etc., souscrivent au “ credo politique de la nation ” (BRUBAKER, 1999 : 65). Mais ce modèle a d’autres logiques d’exclusion qui se construisent sur des critères différents. Par exemple, la Révolution française a exclu des prêtres, des nobles, des rebelles et des opposants politiques alors que le maccarthysme offre un exemple patent tiré du contexte américain.

En conclusion on peut dire, à l’instar de Brubaker, que ce modèle n’est pas plus ou moins exclusif que celui bâti sur l’ethnicité ou la culture mais qu’il l’est différemment.

  

 

La distinction entre nation civique et nation ethnique discutée jusqu’ici est particulièrement pertinente pour une analyse comparative et lorsqu’il s’agit de rapporter des processus ou phénomènes semblables (la naturalisation par exemple) aux contextes nationaux dans lesquels ils émergent ; néanmoins, ces modèles demandent à être nuancés, ce qui est rarement le cas. En effet, ils méritent une réflexion critique sur le statut qu’on leur accorde ; le risque est grand de les ériger en paradigmes universels, la dérive la plus importante étant de les instaurer en paradigmes normatifs tout autant que descriptifs.

La deuxième tentation est de réifier les modèles et de les faire passer pour réels alors qu’ils ne sont que des constructions formelles ou le cas échéant des idéaux abstraits. La conséquence n’est pas comme on pourrait le croire, a priori, d’influer sur la réalité mais de “ couvrir des pratiques qui lui sont radicalement opposées sur le plan des valeurs et des normes ” (DE RUDDER, 1997 : 19).

Considérant l’exemple français, Véronique de Rudder montre en effet que les praticiens des politiques publiques appliquent sur le terrain des principes différents de ceux qu’affiche l’idéologie républicaine, n’ayant pas d’autre choix que de reconnaître “ la pluralité de la société française et d’agir, de façon plus ou moins brouillonne, en fonction d’elle ” (1997 : 20). Par ailleurs, une étude menée par Annie Maguer (1999) démontre qu’au sein de l’administration publique française, les agents des services publics utilisent des catégories ethniques pour comprendre et expliquer les situations des usagers auxquels ils font face alors que leurs services s’inscrivent dans le prolongement de l’Etat national soumis à l’idéologie républicaine.

Rapportés à l’étude des migrations et des relations interethniques, les modèles nationaux se déclinent sur le mode de l’intégration, de l’assimilation, du pluralisme culturel, etc. Ces paradigmes sont issus de traditions scientifiques nationales et ont donné lieu à des modélisations qui sont exportées telles quelles ou modifiées sans que leurs fondements soient remis en question.

(Francesca Poglia Mileti - Construction sociale des catégories d’altérité et identités des populations migrantes. Réflexion théorique et étude de cas, Université de Neuchâtel, 2001)

 

Identité nationale

 

 

 

Les collectivités humaines offrent de nombreux exemples de rassemblements d'individus, structurés ou informels, liés par des caractères et des intérêts communs. La participation à certains d'entre eux, tels sociétés ou associations, est conditionnée par des formalités ou des actes juridiques précis permettant en principe d'en identifier avec certitude les membres.

En revanche, les contours d'autres ensembles tels les tribus, clans, familles, nations sont délimités à l'aide de critères plus flous. En effet, même s'ils impliquent toujours des similitudes apparentes, variables selon les groupes, celles-ci ne sont généralement pas suffisantes et sont complétées par des élément essentiels d'ordre psychologique plus difficilement saisissables, censés témoigner de la sensation, à la fois individuelle et collective, de faire partie d'un groupe spécifique cohérent. Ce facteur serait même déterminant, et transcenderait les données concrètes immédiatement perceptibles, qui malgré leur importance demeureraient accessoires.

Il en va ainsi pour les nations. Il existe sans doute entre leurs membres un certain nombre de points communs directement observables, pouvant être la langue, la présence sur un même territoire, ou la soumission à une même autorité. Toutefois, qu'elles soient purement et simplement assimilées aux États ou qu'elles s'affranchissent de leurs frontières, on les caractérise en outre par un état d'esprit commun aux individus les composant, révélant leur solidarité et leur adhésion à des valeurs collectives spécifiques.

L'idée était déjà sous-jacente chez Voltaire qui, évoquant divers peuples de la terre dans son Essai sur les mœurs et l'esprit des nations (1756), les distinguait notamment par leurs «mœurs», leurs «caractères» et leur «génie» respectifs. Elle sera reprise avec une connotation quasi-mystique par Renan, affirmant en 1882 lors d'une conférence à la Sorbonne sur le thème « Qu'est-ce qu'une nation? » que si les points communs visibles portant sur « la race, la langue, les intérêts, l'affinité religieuse, la géographie, les nécessités militaires » contribuent à créer des liens parfois puissants entre les individus, ils ne suffisent pas à définir la nation. Celle-ci est pour lui avant tout « une âme, un principe spirituel », se résumant « dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune ».

Trente ans plus tard, bien que critiquant ce type d'analyse « cousue de fil idéaliste » dans son article de 1913, Staline n'en considérait pas moins qu'il convient de « tenir compte des particularités de la psychologie des hommes réunis en nation. Les nations se distinguent les unes des autres non seulement par les conditions de leur vie, mais aussi par leur mentalité... ».

Délimiter les contours d'une nation en prêtant à ses membres une « formation psychique originale » selon la formule de Staline, un « vouloir vivre collectif » selon l'expression consacrée inspirée de la pensée de Renan, ou l'intuition d'une «identité nationale» selon les termes d'aujourd'hui, implique l'interprétation de comportements souvent peu explicites.

La démarche repose donc essentiellement sur des présomptions. Ainsi, les citoyens d'un État sont, tant qu'ils en conservent juridiquement la nationalité, réputés adhérer à ses idéaux communs, raisonnement par induction dont on trouve une opportune confirmation dans les manifestations de civisme, de patriotisme ou de chauvinisme auxquels se livrent certains d'entre eux en fonction des circonstances. De même, les nations appréhendées, abstraction faite des États, le sont par référence au sentiment et à la volonté présumés de leurs membres de former un groupe autonome et soudé, s'exprimant notamment parfois par des revendications nationalistes.

De telles extrapolations ne sont pas sans risque de subjectivité. Ainsi, Staline devait concéder qu' « évidemment, la formation psychique en elle-même, ou, comme on l'appelle autrement, le «caractère national », apparaît pour l'observateur comme quelque chose d'insaisissable ». L'historien anglais Eric Hobsbawm, lui aussi, étudiant les nationalismes avant le XXe siècle, soulignait que puisque l'on ne dispose d'informations que sur la fraction instruite des populations, il était difficile de connaitre avec certitude «les sentiments des illettrés qui formaient l'écrasante majorité de la population mondiale» à l'époque, et donc hasardeux de généraliser de l'élite aux masses.

Le critère d'ordre psychologique n'en est pas moins considéré comme significatif dans la mesure où la communauté d'esprit est toujours censée se concrétiser sous des formes tangibles, qui, en définitive sont les véritables révélateurs de l'adhésion implicite à un idéal de vie collective. C'est par exemple ce que pensait de la communauté de langue, en s'inspirant manifestement des idées de Wilhelm von Humboldt, l'auteur anonyme d'un ouvrage d'abord publié en Russie, puis en France en 1877, et traitant de «l'essence de l'individualité nationale». Selon lui, «la forme qui sert d'expression à l'individualité nationale, c'est la langue; car la langue est l'instrument unique de l'unité d'un peuple...» , puisque «les populations d'une même langue ne cessent jamais de se considérer comme les membres d'un tout, d'une unité indivisible, même si elles sont divisées en plusieurs unités politiques, ou bien, se trouvant sous domination étrangère, sont complètement privées de l'indépendance politique».

Relativisant pour les besoins de sa démonstration l'importance de la langue commune, Staline, dans son article précité, constatait qu'elle pouvait être pratiquée par des nations différentes, mais élargissait à d'autres éléments le champ des indices de la «formation psychique» impalpable caractérisant selon lui la nation, en affirmant qu'elle s'exprimait plus globalement, «dans l'originalité de la culture commune».

Il est vrai que de longue date la philosophie et la littérature sont riches d'observations sur les conduites communes présentées comme caractéristiques de certaines sociétés humaines. Par exemple, dès le IVe siècle av. J.-C., dans sa correspondance avec Théophraste, Dicéarque de Messine, étudiant les habitants de certaines cités grecques, observait que ceux d’Oropos étaient voleurs, ceux d'Haliarte stupides, ceux de Coronée obséquieux, et que les Platéens faisaient preuve d’ostentation et les Thespiens d’esprit de contradiction.

Du moins le développement et les progrès de sciences sociales telles l'histoire, la sociologie, la psychosociologie, voire la science politique, peuvent-ils permettre de dégager avec de meilleures garanties scientifiques, à partir d'analyses prenant en compte de multiples éléments comme le langage, l'écriture, les religions, ou les relations de pouvoir, des éléments caractéristiques susceptibles de participer à la cohésion et à la solidarité d'un groupe humain.

Ainsi, depuis 2003, l'UNESCO consacre-t-elle l'existence d'un «patrimoine culturel immatériel», dont elle a entrepris d'établir un recensement par des jurys internationaux. C'est par exemple dans ce cadre qu'elle a consacré neuf traditions françaises, comprenant notamment celle du «repas gastronomique», parmi plusieurs centaines d'autres pratiques et coutumes culturelles déjà reconnues dans divers États du monde.

Ces processus contribuent incontestablement à créer et entretenir des liens au sein des groupes sociaux dans la mesure où, selon les instances de l'UNESCO, ils « inspirent aux communautés vivantes un sentiment de continuité par rapport aux générations qui les ont précédées et revêtent une importance cruciale pour l'identité culturelle ainsi que la sauvegarde de la diversité culturelle et de la créativité de l'humanité ». Toutefois, en admettant même que leur inventaire complet puisse permettre de cerner les caractères originaux des groupes humains, on peut douter qu'il règle définitivement la question de l'identité nationale. En effet, en l'état actuel de son emploi par le langage des sciences humaines, cette notion est conçue différemment par ses utilisateurs selon les fins qu'ils poursuivent. Cette instrumentalisation les conduit à insister sur des éléments fédérateurs variables lui conférant un contenu fluctuant source de controverses.

Dans le cadre d'une analyse scientifique, il est possible de rechercher quels sont les caractères communs fondant la cohésion d'un groupe humain. Toutefois, afin d'éviter la démarche tautologique déjà évoquée consistant d'abord à présupposer intuitivement que celui-ci constitue une nation avant d'en trouver ensuite les éléments identitaires confirmatifs, ce type d'étude doit au préalable déterminer son objet de manière incontestable. Il semble que le point de départ le plus adéquat consiste à utiliser le seul critère neutre disponible: celui assimilant la nation à la population d'un État. Selon la stabilité et l'homogénéité de celui-ci, pourront alors être recensés de rares, ou au contraire de nombreux facteurs d'unité. En toute hypothèse, l'étude doit suivre leur évolution éventuelle, et non se figer à un stade considéré comme définitif. 

 

Elle devient alors un standard mis au service de divers objectifs pouvant selon le cas viser à conforter une situation existante, ou au contraire, à la rectifier. Le contenu mobilisé est alors fonction des finalités en vue desquelles il est utilisé. 

L'observation des États révèle que dans certains d'entre eux, il n'existe pas entre les gouvernés une cohésion et une solidarité suffisante pour assurer le minimum d'harmonie nécessaire au bon fonctionnement des institutions. Cette situation peut avoir des causes variables.

Par exemple, il est notoire que l'indépendance des territoires colonisés arrachée à leurs anciennes puissances occupantes a parfois produit des États artificiels. Leurs nouveaux dirigeants, une fois la libération obtenue, ont dû, confrontés à l’hétérogénéité des populations, voire à leur antagonisme, s'employer à les conforter en les unifiant à partir d'éléments susceptibles de définir une identité nationale spécifique. L'institution d'un système de parti unique a souvent été un instrument privilégié de cette politique de construction d'une ferveur nationaliste populaire, mobilisant aussi les médias, le système éducatif, et l'ensemble de l'appareil administratif en reprenant parfois, faute de mieux, les classifications, cartographies et récits historisants du système colonial.

Les populations des États déjà stabilisés peuvent elles aussi connaître des périodes de tension ou de désarroi. C'est alors parfois l'idéologie officielle qui s'efforce de mobiliser opinions et énergies pour les rassembler sur des thèmes présentés comme essentiels pour l'identité nationale. Ainsi, en France, après la déchéance de l'empereur Napoléon III et la capitulation contre les Prussiens, les autorités mirent-elles en place une pédagogie à la fois républicaine, laïque et revancharde, dont les instituteurs publics furent le fer de lance, d'où leur surnom de «Hussards noirs». De même, sous l'Occupation, le régime de Vichy, imputant la défaite au relâchement de la Nation, prônait-il une «Révolution nationale» avec pour ambition de refonder une identité française nouvelle, résumée dans la devise «Travail, Famille, Patrie».

Les initiatives pour améliorer la cohésion nationale peuvent aussi prendre la forme d'une démarche théorique isolée. Ainsi, en 1998, le géographe Yves Lacoste, dans son ouvrage «Vive la nation», prenant acte des risques d'exclusion et de xénophobie à l'égard des populations issues de l'immigration, proposait-il de fédérer communautés, religions et traditions diverses autour d'un concept rénové de nation, conçu comme moyen géopolitique idéal d'accès à la démocratie, aux valeurs républicaines et à l'intégration.

La cohérence culturelle et sociale façonnée progressivement dans le cadre d'un État peut avoir atteint à un moment donné un stade jugé si parfait que l'identité nationale qui est présumée en découler est considérée comme une valeur à préserver à tout jamais, sous peine d'une régression regrettable, voire dangereuse.

Les politiques publiques peuvent tenter d'assurer la stabilité de ce modèle en prévenant les changements susceptibles de le bouleverser. Ainsi, puisque l'accueil durable d'étrangers de cultures différentes peut influer sur l'évolution de leur société, nombre d'États le soumettent à des conditions censées attester de leur aptitude à l'assimilation. En France, par exemple, afin de garantir leur «intégration républicaine», le Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile organise un processus de sélection subordonnant leur séjour de longue durée à leur formation civique aux «valeurs de la République, notamment l'égalité entre les hommes et les femmes et la laïcité» au moyen de «contrats d'accueil et d'intégration». C'est dans la ligne de cette politique d'encadrement des étrangers qu'a été créé en 2007 un «ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du codéveloppement», et ouvert en 2009 un grand débat sur l'identité nationale, fortement médiatisé, mais demeuré sans suite.

Au demeurant, en admettant qu'elles atteignent leur objectif, ces précautions limitées aux seuls étrangers ne peuvent pas empêcher la transformation de la société sous l'effet de causes purement internes. En désaccord avec ce qu'ils estiment être l'évolution vers une nouvelle identité nationale non conforme à l'authentique, d'aucuns déplorent alors la dégradation du modèle sociétal auquel ils étaient attachés et souhaitent un retour en arrière.

Leur protestation peut prendre une forme purement théorique, avec un retentissement variable selon leur notoriété. Ainsi, la parution en 2013 de l'ouvrage «L'identité malheureuse», dans lequel l'écrivain-philosophe Alain Finkielkraut exprimait sa nostalgie du passé en dénonçant la désagrégation de l'identité nationale française, a-t-elle donné lieu à d'abondants commentaires, souvent polémiques. Elle peut aussi s'exercer plus concrètement dans le cadre de manifestations se réclamant du droit de résistance à l'oppression, destinées à faire pression sur l'ensemble des acteurs du système social, notamment les autorités publiques, pour le maintien, ou le rétablissement des valeurs du passé.

En toute hypothèse, quelle que soit sa forme d'expression, la volonté d'ancrage dans une identité nationale définitivement figée à un certain stade de son évolution ne peut aboutir que si le corps social l'entérine. Tout est donc fonction des conditions dans lesquelles celui-ci est organisé et transmet aux individus les points communs constituant leurs repères identitaires du moment. En fonction de leur poids respectif, les familles, les communautés, le système éducatif, les médias, etc. jouent alors un rôle essentiel, en contribuant selon le cas à la conservation des traditions ou à leur changement. Il ne semble pas, par exemple, que la mondialisation de la communication provoque la création d'une identité globale cosmopolite remettant en cause les identités locales. À cet égard, les réponses différentes adoptées dans le monde à certaines grandes questions de société telles le mariage et la filiation sont significatives.

 

L'Espace républicain