Santé Publique
(Les EGIDES de la République)
Ecole, Justice, Industrie, Défense, Europe, Santé
La santé publique peut être définie de diverses manières. On peut en effet la présenter comme « l'étude, d'une part, des déterminants physiques, psychosociaux et socioculturels de la santé de la population et d'autre part des actions en vue d'améliorer la santé de la population. » ou encore, comme « une activité organisée de la société visant à promouvoir, à protéger, à améliorer et, le cas échéant, à rétablir la santé de personnes, de groupes ou de la population entière. »
On peut aussi rappeler une ancienne définition de Charles-Edward Winslow et publiée dans la revue Science en 1920 : « La santé publique est la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et de promouvoir la santé et l’efficacité physiques à travers les efforts coordonnés de la communauté pour l’assainissement de l’environnement, le contrôle des infections dans la population, l’éducation de l’individu aux principes de l’hygiène personnelle, l’organisation des services médicaux et infirmiers pour le diagnostic précoce et le traitement préventif des pathologies, le développement des dispositifs sociaux qui assureront à chacun un niveau de vie adéquat pour le maintien de la santé, l’objet final étant de permettre à chaque individu de jouir de son droit inné à la santé et à la longévité. »
Partant de cette dernière définition, un comité de l’OMS a souligné en 1952 l'importance qu'il convenait d'attacher à l'éducation sanitaire individuelle et collective, mais il a surtout été frappé par l'élargissement des conceptions se rapportant à l'administration de la santé publique, cette évolution nécessitant l'intégration en un système unique de toutes les branches de l'action sanitaire: prophylaxie ou prévention, soins aux malades et réadaptation des convalescents. Depuis lors il est généralement admis que l'organisation des soins curatifs appartient également aux fonctions essentielles de la santé publique.
La nouvelle Santé Publique
Les définitions présentées ci-dessus donnent une vision qui fait d'emblée de la santé publique une entreprise multidisciplinaire complexe et centrée sur l'application. Cette vision se situe dans le paradigme de la « nouvelle santé publique ». La science et la pratique de la santé publique, qui souligne le rôle des systèmes sociaux, du partenariat multidisciplinaire et trans-sectoriel, de l’orientation positive de la santé, et pas simplement (comme l' « ancienne santé publique ») une orientation biologique où l’accent serait mis sur la prévention et le contrôle à partir d’une unique profession. La nouvelle santé publique repose sur une meilleure compréhension de la façon dont les styles de vie et les conditions de vie (dont les facteurs sociologiques et environnementaux) déterminent la santé. L'importance d’autres secteurs en dehors du secteur de la santé et la nécessité de mobiliser les ressources et les appuis politiques sont également soulignées. Les problèmes sont définis dans un contexte plus global, conduisant à des préoccupations plus environnementales. Comme avec tout ce qui est labellisé « nouveau », cette expression a été introduite pour marquer une renaissance de la santé publique en contraste avec une tradition stéréotypée et une évolution. L’expression sera peut-être bientôt obsolète. (On parle beaucoup aujourd'hui de promotion de la santé, mais cette dernière ne couvre pas tout le champ occupé autrefois par la santé publique : il faudrait y ajouter la prévention des accidents et des maladies, ainsi que les soins).
La Santé Publique contient 6 domaines : l'hygiène publique, la lutte contre les maladies transmissibles, la préoccupation d'autrui (administration sanitaire), l'épidémiologie, la sociologie, l'économie de la santé.
Santé-Environnement
L'expression « Santé-environnement » est apparue à la fin du XXe siècle. Elle désigne le champ commun aux hypothèses, connaissances et théories prospectives portant sur les relations possibles entre :
- d'une part des variables environnementales (facteurs biogéographiques, pollutions et nuisances environnementales..) mais aussi facteurs concernant la qualité de l'alimentation, de l'environnement intérieur (air, bruit, champ électromagnétique, radioactivité...) et de travail (exposition à des toxiques, une fatigue anormale ou à des facteurs spécifiques de stress) ;
- et d'autre part la santé ;
- ainsi que la surveillance de celles-ci.
Ce domaine est en pleine évolution, grâce notamment aux progrès de la modélisation, des outils informatiques et de l'Internet (bases de données de plus en plus riches et interconnectées) et à l’information statistique (indicateur) mieux collectée et moins difficilement disponible (cf. problèmes induits par les droits sur les données et/ou la confidentialité des données privées)qui ont montré l'importance d'une approche plus globale, heuristique et intégrant mieux les aspects sociopsychologiques, et écoépidémiologiques. Ces progrès permettent de confronter statistiquement la description de l'évolution de l'état sanitaire d’une population à différents indicateurs environnementaux et/ou sociodémographiques.
Des virus très pathogènes et à potentiel élevé de pandémie VIH / sida, syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), virus de la fièvre du Nil occidental, virus Ebola, H5N1, etc. semblent récemment apparus chez l'homme, à partir de l'animal .
Facteurs et enjeux
La santé environnementale est déterminée par de nombreux facteurs, liés à la fois à l'environnement naturel (écosystèmes) et à l'environnement construit (habitat, véhicules..), incluant les conditions et lieux de travail et de mobilité. Ce sont notamment :
- Qualité de l'air (dont de l'air intérieur, y compris pour la fumée de tabac), micro- et nanoparticules, pesticides et autres polluants
- Qualité de l'eau (cf. gestion de l'eau, accès à l'eau potable pour tous, prévention des maladies hydriques, y compris via les piscines et eaux de baignade
- Qualité des sols (teneurs en pathogènes et parasites, résidus de pesticides, radioactivité, polluants organiques et contaminants métalliques ou par métalloïdes non dégradables), en particulier en ville, autour et dans les zones industrielles, autour des infrastructures de transports
- Logement (incluant écoles, prisons, campings, hôtellerie, maisons de retraite, etc.)
- Hygiène corporelle et exposition de l'organisme (éventuellement in utero) à différentes sources de stress (Microbes, éventuellement antibiorésistants et autres pathogènes, conséquences de traumatismes (coups, tatouage, piercing) et certains cosmétiques...)
- Changement climatique et ses effets sanitaires (canicules, maladies émergentes)
- Exposition accrue aux ultraviolets, suite au trou dans la couche d'ozone, avec coup de soleil aggravés et risque accru de cancer
- Catastrophes naturelles (cf. occurrence et gravité, mais aussi degré de préparation et d'adaptation à ces catastrophes)
- Qualité de l'alimentation (agriculture, transports/stockage, fabrication, distribution...)
- Gestion du risque sanitaire (épidémies, maladies nosocomiales...)
- Gestion des produits dangereux (dont déchets toxiques et/ou dangereux, produits radioactifs, sites et sols contaminés, séquelles de guerre, pollution induite par les munitions dont munitions immergées... remédiation, gestion des effluents et excréments (notamment en cas d'épidémie)
- Saturnisme et prévention du saturnisme infantile
- Aménagement du territoire, développement durable, HQE
- Nuisances induites par la pollution lumineuse (dont intrusion lumineuse)
- Pollution sonore
- Pollution lumineuse (qui est facteur de perturbation endocrinienne
- Études d'impacts prenant ou non en compte les impacts sur la santé (théoriquement obligatoire depuis la loi sur l'air (loi Barnier) en France)
- Santé au travail
- Santé radiologique (⇒ réduire l'exposition aux rayons UV, X ou à la radioactivité et/ou à des radionucléides, dont via le radon)
- Exposition à des vecteurs de microbes ou parasites (moustiques, tiques, rongeurs, etc.)
- Situation de guerre, guerre civile, réfugié politique, ou réfugié climatique…
- Et peut-être certains champs électromagnétiques
Un enjeu particulier est celui de la santé reproductive, et de celle des embryons, des fœtus et des enfants. In utero, l'exposition à de faibles quantités de produits mutagènes ou de perturbateurs endocriniens peut être grave, et les enfants absorbent proportionnellement plus de polluants que les adultes (via l'eau, l'air et l'alimentation), et ils y sont souvent beaucoup plus sensibles.
La Charte de l'environnement, annexée à la Constitution, dispose dans son article 1 que : « Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ». Le Grenelle de l'environnement a fait de la prévention des conséquences des pollutions sur la santé un thème prioritaire. La Stratégie nationale de développement durable (SNDD) inclut ce thème pour la période 2009-2012, dans les chapitres « Santé publique, prévention et gestion des risques », « Société de la connaissance », et volet « Recherche et développement ».
Organisation « citoyenne » : Depuis la fin des années 1970, face au manque en France de moyens et chercheurs en épidémiologie, toxicologie et écotoxicologie, mais aussi face au manque de registres de cancers et des malformations) ou même de registres des jumeaux, de nombreuses ONG ont en France alerté sur le fait que la pollution impactait la santé. Le porte parole du Réseau Santé Environnement, André Cicolella, s'est beaucoup mobilisé sur ce thème. Il est l'auteur de « Le défi des épidémies modernes : comment sauver la Sécu en changeant le système de santé » (La Découverte).
Association de médecins : Faute d'avoir été formés lors de leurs études sur ces questions, pour mieux comprendre les problèmes qu'ils observaient, et pour mieux pouvoir répondre aux demandes de leurs patients (malades, mamans, femmes enceintes), des médecins (généralistes, mais aussi épidémiologistes, oncologues, allergologues, pédiatres et autres spécialistes) ont constitué une association spécialisée sur ce thème de la médecine environnementale. L'« Association Santé Environnement France » (ASEF [17]) a été créée par les docteurs Pierre Souvet et Patrice Halimi. Fin 2009, l'ASEF rassemblait près de 2 500 médecins en France et devenait ainsi un nouvel interlocuteur incontournable sur la santé environnementale. L'ASEF a été créée en 2008 pour étudier les effets sur la santé de la pollution du Rhône et d'autres fleuves par les PCB avec le WWF. Les résultats ont montré que les humains étaient bien contaminés par le PCB. En 2009, l'ASEF a initié une étude nationale sur la qualité de l'air intérieur des crèches, et une autre sur la toxicité des lits de bébés en bois. Cette étude a montré que tous les lits du commerce testés émettaient du formaldéhyde, particulièrement ceux en aggloméré[18]. Ces membres ont également participé aux Grenelle des ondes. Leur objectif est de convaincre les citoyens qu'ils doivent devenir acteur d'une santé « développement durable ».
Ces médecins volontaires (en collaboration avec leurs patients et/ou des associations de patients parfois) travaillent sur des thèmes aussi variés que les nanoparticules, les microparticules, les PCB, les dioxines, les cas d'hypersensibilité chimique multiples, les ondes électromagnétiques, les traitements hormonaux de la ménopause, les pesticides (le Dr Sultan avait par exemple noté que beaucoup des enfants qui avaient des problèmes d'anomalies congénitales), les métaux lourds et HAP dont les taux cumulatifs et les impacts synergiques ne sont toujours pas pris en compte en France.
Quelques initiatives collaboratives ou de type « sciences citoyennes » apparaissent également sur le thème « épidémiologie et santé-environnement », ayant par exemple permis dans le sud de la France, en quelques mois, de monter une étude prouvant l'exposition humaine aux PCB, étude volontairement initiée par une association de médecins (sur 60 patients), produisant des résultats en quelques mois, alors que l'étude nationale (4 × 60 patients) décidée en octobre 2007 par l'autorité sanitaire n'a commencé qu'en 2008, avec des résultats attendus pour 2011.
Beaucoup de spécialistes et de patients reprochent le manque de moyens affectés à la prévention et à la lutte contre les pollutions, alors que les cancers augmentent, et que les coûts de traitement d'un cancer vont de 3000 à 6000 euros par mois en Europe (jusqu'à 15 000 euros/mois pour les nouveaux médicaments). La première grande étude sur le cancer du sein et l'environnement a ainsi été initiée par une association de patients et non par une autorité sanitaire.
Approche institutionnelle et gouvernementale : Le ministère français de la santé a tiré un premier bilan à 2 ans, en juillet 2006, du Plan national santé-environnement (PNSE). Annoncé par le Président de la République en janvier 2003 et élaboré sous l'autorité des ministres chargés de la Santé, de l'Écologie, du Travail et de la Recherche, ce PNSE avait été adopté (dans le cadre de la loi de santé publique du 9 août 2004), le 21 juin 2004 pour cinq ans, présenté comme s'inscrivant dans les orientations de la Charte de l'environnement et dans la stratégie européenne de l'Organisation mondiale de la santé, réaffirmée lors des conférences de Londres en 1999 et de Budapest en 2004.
Un des six groupes de travail constitués lors du Grenelle de l'environnement en 2007 a examiné l'enjeu des effets de l'environnement sur la santé et proposé des mesures pour « instaurer un environnement respectueux de la santé ».
Quelques programmes de recherche existaient, certains (notamment pilotés par l'INSERM) s'intéressant aux liens entre l'environnement et les cancers. Des collectivités investissent aussi dans la recherche sur le cancer et les liens entre santé et environnement, notamment via des appels à projets (en Région Nord-Pas-de-Calais par exemple).
Santé au travail
La santé au travail est une démarche interdisciplinaire, associant employés et employeurs, dans le but de créer un lieu de travail favorable à la santé et de lutter contre la « discrimination salariale selon l’état de santé ».
Cette démarche met en place des programmes de bien-être au travail axés sur l'individu (le travailleur). Elle associe les aspects environnementaux, sociaux, ergonomiques et organisationnels de l'activité professionnelle, avec les problèmes de santé individuels, familiaux et communautaires. Le travailleur est considéré dans sa globalité et non plus sous un angle purement médical.
La santé au travail, concept apparu au début des années 1980, rejoint ainsi le concept de la « promotion de la santé au travail », apparu dans les années 1990. La médecine du travail fait partie de cet ensemble.
Un pas supplémentaire est franchi par la Convention 161 de l'OIT de 1985 portant sur les services de santé au travail : « l'expression « services de santé au travail » désigne un service investi de fonctions essentiellement préventives et chargé de conseiller l'employeur, les travailleurs et leurs représentants dans l'entreprise en ce qui concerne : i) les exigences requises pour établir et maintenir un milieu de travail sûr et salubre, propre à favoriser une santé physique et mentale optimale en relation avec le travail; ii) l'adaptation du travail aux capacités des travailleurs compte tenu de leur état de santé physique et mentale », ajoutant en son article 9, que « les services de santé au travail devraient être multidisciplinaires ».
La promotion de la santé au travail se conjugue avec la santé au travail dans la Convention no 187 de l'OIT de 2006 portant sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail, mettant ainsi en avant les avis conjoint OMS – OIT : « l'expression « culture de prévention nationale en matière de sécurité et de santé » désigne une culture où le droit à un milieu de travail sûr et salubre est respecté à tous les niveaux, où le gouvernement, les employeurs et les travailleurs s'emploient activement à assurer un milieu de travail sûr et salubre au moyen d'un système de droits, de responsabilités et d'obligations définis et où le principe de prévention se voit accorder la plus haute priorité. »
Le Comité mixte OMS-OIT, en 1995, définit ainsi la Santé au travail : « la santé au travail s’articule autour de trois objectifs distincts : (i) préservation et promotion de la santé du travailleur et de sa capacité de travail; (ii) amélioration du milieu de travail et du travail, qui doivent être rendus favorables à la sécurité et la santé, et (iii) élaboration d’une organisation et d’une culture du travail qui développent la santé et la sécurité au travail. Cette culture s’exprime, en pratique, dans les systèmes de gestion, la politique en matière de gestion du personnel, les principes de participation, les politiques de formation, et la gestion de la qualité. »
Cette démarche s'inscrit dans une démarche de promotion de la santé qui est « le processus qui confère aux populations les moyens d'assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d'améliorer celle-ci. » (Charte d'Ottawa, OMS, 1986).
L’intérêt en France pour ce sujet remonte à 2007 (Anact).
On est passé progressivement de la protection de la santé physique à la protection de la santé mentale des salariés, d’une logique de réparation / sanction des atteintes à la santé mentale des salariés à une logique de prévention des risques psychosociaux, d’une logique de prévention à une logique de promotion de la qualité de vie au travail.
Qu’il soit considéré comme dû au hasard, comme un aléa prévisible de certaines activités professionnelles, ou comme conséquence directe des formes contemporaines d’organisation du travail, l’accident du travail n’est que la face visible des atteintes à la santé dues au travail. Une recherche menée en Suisse montre que le traitement social particulier dont l’accident fait l’objet est à mettre en relation avec les raisons qui expliquent l’émergence et le développement de l’assurance accidents, c’est-à-dire la suppression d’un éventuel conflit de classe sur la responsabilité de l’accident. Le développement assurantiel permet en effet de déplacer le conflit entre patronat et classe ouvrière, potentiellement dangereux pour l’ordre capitaliste, du terrain collectif et politique vers le terrain personnel et administratif.
Le stress et la pénibilité du travail font l'objet d'une attention croissante.
Pour sensibiliser à la question des relations de travail, il existe une Journée mondiale de la gentillesse, le 13 novembre (World Kindness Day). Promue par le World Kindness Movement créé à Singapour en 2000, elle est mise en œuvre en 2011 dans une quinzaine de pays, avec un appel pour la bienveillance au travail lancé en France en 2011.
La santé au travail en France a été pensée et organisée au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. La santé était présente pour fabriquer la force de travail, et s'est imposée comme raison d'être de la sécurité sociale. Les syndicats de travail ont exigé une protection de cette force de travail: c'est la naissance de la médecine du travail. La santé était au service de l'économie d'entreprise.
Aujourd'hui, la mission première des Services de Santé au Travail en France s'est rapprochée peu à peu d'autres valeurs que celles de la simple action médicale du Médecin du Travail. Il ne s'agit pas de dire que le médecin n'a plus de rôle à jouer, mais qu'il n'est pas le seul acteur : le « manager » est lui aussi impliqué. L'idée générale est de changer les relations entre le travail et la santé : « le travail fabrique de la santé ».
Les nombreux exemples de catastrophes en termes de santé au travail (SIDA, vache folle, Tchernobyl, hépatite B, ...) ont amené la mise en place du principe de précaution en France. Les juges sont désormais beaucoup plus sévères, et usent de la « faute inexcusable » contre les employeurs. De récentes jurisprudences ont montré l'importance de ce changement (Alsthom 2007 : l'exposition à l'amiante suffit à la condamnation, la maladie n'est pas nécessaire).
La prise en compte de nouveaux risques au travail a ainsi vu le jour : cancérogène, mutagène et reprotoxique, risques psychosociaux, troubles musculosquelettiques. Leur particularité est qu'ils ne sont pas liés à un métier spécifique, et aussi étendus à la population des cadres. Ils peuvent même ne pas être liés à l'activité de l'entreprise (ex: pandémie grippale).
La relation travail et santé est ainsi devenue un enjeu important pour la France. L'Eurogip évalue par exemple que le coût annuel du stress au travail était en Europe de 20 milliards d'euros. Ainsi, 50 à 60 % des journées de travail perdues seraient liées au stress. Malgré les moyens importants mis en jeu, de nombreuses personnes restent insatisfaites. La prise en compte de la santé au travail devient un enjeu économique.
À cet effet, un consensus général s'établit peu à peu pour changer les modèles. La santé au travail peut être abordée comme un projet, avec une gestion des risques encourus :
- proactivité, prévention ;
- privilégier les résultats ;
- se fonder sur des solutions éprouvées (« evidence based medecine ») ;
- comparer les évènements dans le temps ;
- surveiller les populations plutôt que les individus ;
La difficulté de la prise en compte de ces changements est l'existence de risques invisibles :
- Certains risques sont différés (par incubation, comme le cas de l'amiante) ;
- Les risques sont transversaux (exemple de la pandémie grippale) ;
- Les expositions ne sont pas tracées (exemple des centrales nucléaires) ;
- Les CMS, RPS, TMS ne disposent actuellement pas d'indicateurs en entreprise ;
La volonté actuelle consiste ainsi à faire apparaître l'invisible.
Santé reproductive
Cette notion récente évoque la bonne transmission du patrimoine génétique d'une génération à l'autre. Elle passe par la qualité du génome, des spermatozoïdes et des ovules, mais aussi par une maternité sans risque, l'absence de violences sexuelles et sexistes, l'absence de maladies sexuellement transmissibles (MST), la planification familiale, l'éducation sexuelle, l'accès aux soins, la diminution de l'exposition aux perturbateurs endocriniens, etc.
Un certain nombre de polluants (dioxines, pesticides, radiations, leurres hormonaux, etc.) sont suspectés d'être, éventuellement à faibles ou très faibles doses responsables d'une délétion de la spermatogenèse ou d'altération des ovaires ou des processus de fécondation puis de développement de l'embryon). Certains sont également cancérigènes ou mutagènes (ils contribuent à l'augmentation du risque de malformation et d'avortement spontané).
Les soins de santé reproductive recouvrent un ensemble de services, définis dans le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) tenue au Caire (Égypte) en septembre 1994 : conseils, information, éducation, communication et services de planification familiale ; consultations pré et postnatales, accouchements en toute sécurité et soins prodigués à la mère et à l’enfant; prévention et traitement approprié de la stérilité ; prévention de l’avortement et prise en charge de ses conséquences ; traitement des infections génitales, maladies sexuellement transmissibles y compris le VIH/SIDA ; le cancer du sein et les cancers génitaux, ainsi que tout autre trouble de santé reproductive ; et dissuasion active de pratiques dangereuses telles que les mutilations sexuelles féminines.
Promotion de la santé
La promotion de la santé telle que définie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est le processus qui confère aux populations les moyens d'assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d'améliorer celle-ci. Cette démarche relève d'un concept définissant la santé comme la mesure dans laquelle un groupe ou un individu peut d'une part, réaliser ses ambitions et satisfaire ses besoins et, d'autre part, évoluer avec le milieu ou s'adapter à celui-ci.
Elle est une des composantes importantes de la santé publique.
La promotion de la santé utilise des stratégies permettant d'agir sur la responsabilité sociale et donc sur différents partenaires permettant d'accroître les capacités communautaires. L'individu reste au centre de la démarche. Elle doit lui permettre, dans et avec sa communauté, d'agir en faveur de sa santé. Il y a, en conséquence, la nécessité d'orienter des politiques de santé dans cette optique. Il y a donc également lieu d'agir sur des déterminants de santé liés à l'épanouissement et le bien-être des individus dans le cadre d'un environnement sain.
Les déterminants de santé sont très larges et relèvent non seulement de ceux liés à la personne, mais ils sont aussi d'ordre relationnel, environnemental ; ils sont liés tant au travail, qu'à la culture, la famille, la société, etc.
De nombreuses études montrent l'importance des déterminants sociaux (inégalité dans l'instruction, la dévalorisation de soi, les carences affectives, la discrimination et l'exclusion, l'isolement, le faible degré d'autonomie au travail, etc.) Le domaine de la santé mentale est un domaine particulièrement important d'intervention en promotion de la santé.
La promotion de la santé va bien au-delà des simples soins de santé. Elle inscrit la santé à l'ordre du jour des responsables politiques de tous les secteurs et à tous les niveaux, en les incitant à prendre conscience des conséquences de leurs décisions sur la santé et en les amenant à admettre leur responsabilité à cet égard.
La politique de promotion de la santé associe des approches différentes, mais complémentaires ; mesures législatives, financières et fiscales et changements organisationnels, notamment. Il s'agit d'une action coordonnée conduisant à des politiques de santé, financières et sociales qui favorisent davantage d’équité.
L’action commune permet d’offrir des biens et des services plus sûrs et plus sains, des services publics qui favorisent davantage la santé et des environnements plus propres et plus agréables.
La politique de promotion de la santé suppose que l'on identifie les obstacles à l'adoption de politiques pour la santé dans les secteurs non sanitaires et les moyens de surmonter ces obstacles. Le but doit être de faire en sorte que le choix le plus facile pour les responsables des politiques soit aussi le choix le meilleur du point de vue de la santé.
Les liens qui unissent de façon inextricable les individus à leur milieu constituent la base d'une approche socio-écologique à l'égard de la santé.
L'évolution des modes de vie, de travail et de loisir doit être une source de santé pour la population, et la façon dont la société organise le travail doit permettre de créer une société plus saine. La promotion de la santé engendre des conditions de vie et de travail à la fois sûres, stimulantes, gratifiantes et agréables.
L'évaluation systématique des effets sur la santé d'un environnement en évolution rapide notamment dans les domaines de la technologie, du travail, de l'énergie et de l'urbanisation est indispensable et doit être suivie d'une action garantissant le caractère positif de ces effets sur la santé du public.
La protection des milieux naturels et des espaces construits, ainsi que la conservation des ressources naturelles, doivent être prises en compte dans toute stratégie de promotion de la santé.
La promotion de la santé passe par la participation effective et concrète de la communauté à la fixation des priorités, à la prise des décisions et à l'élaboration et à la mise en œuvre des stratégies de planification en vue d'atteindre une meilleure santé.
Au cœur même de ce processus, il y a la dévolution de pouvoir aux communautés considérées comme capables de prendre en main leurs destinées et d'assumer la responsabilité de leurs actions.
Le développement communautaire puise dans les ressources humaines et matérielles de la communauté pour stimuler l'auto-assistance et le soutien social et pour instaurer des systèmes souples susceptibles de renforcer la participation et le contrôle du public en matière de santé. Cela exige un accès total et permanent à l'information et aux possibilités d'acquisition de connaissances concernant la santé, ainsi qu'une aide financière.
La promotion de la santé appuie le développement individuel et social grâce à l'information, à l'éducation pour la santé et au perfectionnement des aptitudes indispensables à la vie. Ce faisant, elle donne aux gens davantage de possibilités de contrôle de leur propre santé et de leur environnement et les rend mieux aptes à faire des choix judicieux.
Il est crucial de permettre aux gens d'apprendre à faire face à tous les stades de leur vie et à se préparer à affronter les traumatismes et les maladies chroniques.
Ce travail doit être facilité dans le cadre scolaire, familial, professionnel et communautaire et une action doit être menée par l'intermédiaire des organismes éducatifs, professionnels, commerciaux et bénévoles et dans les institutions elles-mêmes.
Dans le cadre des services de santé, la tâche de promotion est partagée entre les particuliers, les groupes communautaires, les professionnels de la santé, les établissements de services et les gouvernements. Tous doivent œuvrer ensemble à la création d'un système de soins servant au mieux les intérêts de la santé.
Par delà son mandat qui consiste à offrir des services cliniques et curatifs, le secteur de la santé doit s'orienter de plus en plus dans le sens de la promotion de la santé. Les services de santé doivent se doter d'un mandat plus vaste, moins rigide et plus respectueux des besoins culturels, qui les amène à soutenir les individus et les groupes dans leur recherche d'une vie plus saine et qui ouvre la voie à une conception élargie de la santé, en faisant intervenir, à côté du secteur de la santé proprement dit, d'autres composantes de caractère social, politique, économique et environnemental.
La réorientation des services de santé exige également une attention accrue l'égard de la recherche, ainsi que des changements dans l'enseignement et la formation des professionnels. Il faut que cela fasse évaluer l'attitude et l'organisation des services de santé, en les recentrant sur la totalité des besoins de l'individu considérés dans son intégralité.
En France le développement de la promotion de la santé suit celui de la santé
publique.
À partir du mouvement hygiéniste qui suit les retombées des recherches de Louis
Pasteur, l’école publique prend le relais des premiers essais en éducation en santé : la gymnastique
est inscrite aux programmes par la loi du 28 mars 1882, et la notion d’hygiène fait partie de l’esprit de la loi : « La question de l’éducation
physique peut revêtir trois aspects principaux ; on peut la considérer au point de vue athlétique, au point de vue militaire, au point de vue hygiénique ».
Se constituent ensuite les premiers organismes privés chargés d’éduquer le public : la Société scientifique d’hygiène alimentaire et d’alimentation rationnelle(1904), le Comité national de lutte antituberculeuse (1916), la Ligue nationale contre le cancer (1918), la Ligue française contre les maladies vénériennes, la Société française de prophylaxie, la Ligue française d'hygiène mentale (1920), le Comité national de défense contre l'alcoolisme.
En France, la sécurité sociale a été définie juste après la Seconde Guerre mondiale, par le Conseil national de la Résistance selon l'ordonnance du 4 octobre 1945 puis l’arrêté du 23 octobre 1945 officialise le « Centre national de l'éducation sanitaire, démographique et sociale » et ses déclinaisons régionales, remplacé en 1972 par le Comité français d'éducation pour la santé.
En 1981, l’Institut
Renaudot est fondé par un groupe de médecins exerçant en centres de santé et a « pour objectif de répondre aux besoins de formation du personnel des centres de santé, toutes catégories
confondues. »
Dans les années 1990, l’Institut Renaudot oriente son travail vers la promotion des pratiques de santé communautaire. En même temps, les collectivités
territoriales s'engagent dans les politiques de santé publique et la promotion de la santé : conseils régionaux, conseils généraux,
villes ainsi que des institutions importantes telles que les caisses
d’assurance maladie, les mutuelles et la Mutualité Française appuyés par des bénévoles et/ou de professionnels (Médecins
du monde, réseaux de santé, associations
loi de 1901).
En 1986, la Charte d'Ottawa donne un support politique fort à l'ensemble de ses activités.
En 1988 est créé
le « Fonds national de prévention, d’éducation et d’information sanitaire »(FNPEIS) qui « met en œuvre, gère et assure le financement d’actions de prévention,
d’éducation et d’information sanitaires propres à améliorer l’état de santé générale de la population. » Puis l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) remplace le CFES suite à
la loi
du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé.
Enfin « la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique élargit
les missions initiales de l'INPES à la participation à la gestion des situations urgentes ou exceptionnelles ayant des conséquences sanitaires collectives et à la formation à l’éducation pour la santé »
et crée l'École des hautes études en santé publique (EHESP).
Derniers commentaires
le résumé est bien mais ça manque de détails de la bibliographie, date de l'article et du nom l'écrivain de cet article.
Clairement claire, j'ai apprécié
Le résumé est très bien fait.courge!
Le résumé est bien fait.